Le combat de moliere
Il s'agit donc d'une période riche en événements qu'il convient de rappeler succinctement. Dès la création de L'École des femmes, le 26 décembre 1662, éclate une première querelle qui durera jusqu'au début de 1664. La cabale revêt d'abord un caractère moral et mondain, car de nombreux spectateurs sont choqués par les recommandations d'Arnolphe à Agnès (III, 2), dans lesquelles on voit une parodie de sermon, et, plus grave, une parodie des commandements de Dieu ; en outre, on juge obscène la fameuse équivoque du le (v. 572). La pièce déchaîne les foudres des dévots, tel Conti, ancien protecteur de la troupe subitement revenu à la religion, et suscite de surcroît une fronde des gens de lettres, dramaturges et comédiens rivaux, ce qui générera toute une série de pièces polémiques et d'accusations féroces.
En mai 1664, au moment des Plaisirs de l'île enchantée, la somptueuse fête donnée à Versailles par le roi, Molière représente un premier Tartuffe en trois actes ; voyant là une intolérable ingérence dans les choses de la religion, les dévots déclenchent immédiatement une cabale d'une violence bien plus grande qu'à l'occasion de la querelle de L'École des femmes. Le fer de lance en est la fameuse Compagnie du Saint-Sacrement de l'Autel, une société secrète influente constituée de membres issus de l'aristocratie et de la bourgeoisie parlementaire. Le curé de Saint-Barthélémy, docteur en Sorbonne, ira jusqu'à traiter Molière de « démon vêtu de chair » dans un pamphlet retentissant. La pièce ayant été interdite par le roi, Molière entreprend de multiples mais vaines