C’est que les Kurdes, peuple de montagnards parlant une langue proche du Persan, descendant des Mèdes et présents en Anatolie orientale depuis le premier millénaire avant JC s’étaient vus promettre un Etat indépendant par les articles 62 à 64 du Traité de Sèvres de 1920 statuant sur le sort de l’Empire ottoman suite à la participation de ce dernier à la Première Guerre Mondiale, participation qui s’est avérée funeste pour cet Empire que l’on appelait déjà « l’homme malade de l’Europe ». Or, il n’en a rien été. Suite à la Guerre d’Indépendance turque menée par Gazi Mustafa Kemal et sa victoire institutionnalisée par le Traité de Lausanne de 1923, le peuple kurde doit désormais vivre partagé entre la Turquie, l’URSS, la Perse et deux Etats créés ex-nihilo découlant des accords Sykes-Picot de 1916: la Syrie sous mandat français et l’Irak sous mandat britannique. Or, un sentiment national kurde avait commencé à éclore dès le XIXème siècle, sentiment fondé sur l’oppression et l’exclusion dont ils faisaient l’objet et ce dans le contexte de la perte de l’autonomie dont ils jouissaient auparavant.
Attachés à la figure du calife, les Kurdes supportent d’autant plus mal l’abolition de l’institution califale par Atatürk en 1924 et la laïcisation du pays à marche forcée. Pour toutes ces raisons et dans la lignée d’une tradition de révoltes contre le pouvoir ottoman, les Kurdes de Turquie se soulèvent contre Ankara dès 1925, emmenés par le Cheikh Saïd dans le cadre de la Kürt Teali Cemiyeti, émanation locale de la confrérie soufie nakshibendi et ce avec le soutien des Britanniques. Selon le journaliste Ugur Mumcu, ce soulèvement illustrerait une synthèse « kurdo-islamique », l’objectif du cheikh étant d’instaurer un Kurdistan indépendant appliquant la charia.
Dans un contexte toujours tendu, l’Est de la Turquie s’agite à nouveau à partir de la fin des années 1960, lorsque les mouvements de gauche ont le vent en poupe dans la Turquie toute entière. Le Parti Ouvrier de