Le ventre de paris
L'idée principale du texte qu'on va commenter est l'évolution de la tragédie en France. Le texte parle de cet évolution depuis les origines jusqu'au premier chef-d’œuvre qui en fixa pour deux siècles au moins les plus essentiels caractères.
1. LA TRAGÉDIE AU XVIè SIÈCLE.
Pendant le XVIè siècle, l'Italie avait eu des drames latins, inspirés de Sénèque; Erasme, en traduisant en latin Hécube et Iphigénie à Aulis, mit la tragédie grecque à la portée des lettres. Vinrent ensuite les Dolce, les Cinthio, les Ruccellai, les Alamanni, essayèrent à calquer de leur mieux les formes de l'art antique. Ils constituèrent un certain nombre de sujets tragiques, et ces sujets sont précisément ceux que notre tragédie à ses débuts traita le plus volontiers: Cléopâtre, Antigone, etc.
Les choses se passèrent en France à peu près comme en Italie: les humanistes tournèrent en élégant latin quelques œuvres fameuses du théâtre grec. Les collèges leur fournissaient un public, des acteurs. En même temps, les traducteurs ne négligeaient pas les poèmes dramatiques: traduisit l'Electre de Sophocle, et plus tard l'Hécube d'Euripide. Après le manifeste de Du Bellay, presque avec les Odes de Ronsard, apparut la Cléopâtre de Jodelle.
Une Didon suivit bientôt la Cléopâtre; Jodelle lui-même fait école, et de 1552 aux premières années du XVIIè siècle, poètes tragiques et tragédies se multiplient.
Parmi les successeurs de Jodelle, il y a deux remarquables poètes: Robert Garnier et Antoine de Montchrétien. Garnier abonde en rhétorique vigoureuse avec des phrases oratoires d'une réelle ampleur, exercé au dialogue pressé, où les répliques se choquent, courtes et vives, vers contre vers. Quant à Montchrétien, il y a dans son Écossaise des couplets d'une sensibilité pénétrante et dans certains de ses chœurs les strophes tombent avec une grâce mélancolique et molle, avec une douceur d’élégie lamartinienne.
Tous ces poètes, qui se sont frottés à la robe de