Le vote musulman en france, commentaire d'un texte de claude dargent
Commentaire du texte de Claude Dargent, Musulmans versus catholiques : un nouveau clivage culturel et politique ?, contribution au 10e congrès de l’ASFP, Grenoble, 7-9 septembre.
« (L’)irruption de l’Islam dans la société française mérite qu’on s’y arrête ».
Cette phrase de Claude Dargent illustre bien la soudaine prise de conscience d’une population jusque là pensée comme minoritaire et transitoire. En effet, la religion musulmane a longtemps était considérée comme une religion « en » France et non une religion « de » France, étant donné qu’elle a été importée en quelque sorte par les immigrés venus d’Afrique Nord dans les années 60. Progressivement la perspective du retour se tarissant et par la même l’établissement durable des musulmans pratiquantsen France se faisant sentir, la religion musulmane s’est faite progressivement une place dans le paysage théologique français. Elle s’impose désormais comme la 2ème religion de France après les catholiques. Elle compte ainsi approximativement 5 millions de fidèles et représente 4,5% de l’électorat.
Cette « irruption » constitue véritablement un fait sociologique nouveau et amène les spécialistes de la sociologie électorale à s’interroger sur les comportements politiques de cette nouvelle frange de la société française. D’autant qu’elle contredit la thèse de sécularisation inexorable des sociétés occidentales qui s’illustraient par le recul de la pratique catholique en France (en 2002, 10% des français se déclaraient catholiques pratiquants, 14% pratiquants irréguliers, 44% non pratiquants et 25% sans religion). Parallèlement, la religion musulmane vient bousculer la bipolarisation traditionnelle française qui constituait à opposer les attitudes et comportements électoraux des catholiques de droite et des protestants de gauche. Cette opposition avait été mise en évidence par André Siegfried dès la 1ère moitié du XXème puisqu’il était possible