Lecture analytique
Phèdre, Lecture analytique : ACTE I, SCENE 3
(l’aveu à Oenone, v. 255-316)
Introduction
Racine écrit cette pièce en 1677 et adapte la légende grecque de Phèdre au public du XVIIe siècle. En cela, il contribue à la doctrine de l’imitation chère à l’époque classique. Dans cette scène 3, le spectateur assiste à la première apparition de l’héroïne affaiblie par un mal mystérieux dont chaque personnage de l’intrigue a constaté l’ampleur puisque c’est une femme mourante qui entre en scène. En face d’elle, sa confidente et nourrice, Oenone, veut ramener la Reine à la vie tout en l’interrogeant sur les causes de ce désastre individuel.
[Lecture]
Vous m’avez demandé... [1]. Afin d’aborder cette problématique, je souhaite construire mon plan en deux axes : le premier permettra de remarquer que cette scène développe un récit rétrospectif, le second que Phèdre manifeste l’emprise douloureuse de la passion.
Axe 1 : Un récit rétrospectif
Fortement pressée par Oenone de dire la vérité, Phèdre avoue qu’elle est amoureuse, avec un grand embarras et une profonde honte. Il s’agit d’un amour interdit c’est-à-dire un amour adultère et incestueux tout à la fois. On remarque qu’à partir du vers 269, Racine met en place un texte explicatif assez vaste qu’on peut aborder comme une tirade. Phèdre explique donc qu’elle a lutté depuis son mariage contre ce sentiment coupable. La tournure temporelle « A peine » marque l’immédiateté, et Racine dans le début de ce récit oppose l’hymen employé au vers 270 (le mariage) et le trouble (le désir) qui anéantit le bonheur en même temps que la fidélité (v. 274). A partir de ce constat, la Reine évoque un passé douloureux qui comporte 5 étapes :
1. La reconnaissance : Phèdre appartient à une lignée de femmes maudites par Vénus (elle est la fille de Pasiphaé) et s’attend donc à être la victime d’une vengeance céleste. Le lexique utilisé propose la découverte des signes de cette vengeance, de l’implicite vers l’explicite : «