Qu'est-ce qu'un intellectuel? Le mot renvoie à une entité qui semble aller de soi et qui peut sembler facile à discerner dans l'espace public. Mais quelles en sont les caractéristiques? Qui sont les intellectuels? A partir de quand peut-on se considérer intellectuel? Nous allons le voir, une tentative de définition de ce terme est loin d'être chose aisée. Si nous partons du début, et allons trouver la définition d'intellectuel dans le dictionnaire Larousse, nous pouvons lire : « chez qui domine l'activité de l'esprit, qui est tourné vers les activités de l'esprit ». Cette définition propose une séparation entre le monde manuel et le monde intellectuel. Par définition donc, un intellectuel a pour principal outil de travail sa force d'esprit. Mais un comptable est-il un intellectuel? Cette définition est évidemment bien trop vaste et ne saurait circonscrire à quelque chose d'exhaustif la figure de l'intellectuel qui nous importe ici. C'est précisément ce qu'avance Michèle Lamont quand elle souligne que « la simple distinction entre travailleur manuel et travailleur intellectuel n'est pas suffisamment fine pour rendre compte de la particularité du groupe »1. L'ensemble de la bibliographie retenue souligne les difficultés à définir ce qu'est un intellectuel, à trouver des limites à ce groupe. Michèle Lamont avoue ainsi dès le début de son travail que « il est malaisé de définir les intellectuels : ils transgressent les limites des catégories socio-professionnelles et ne peuvent être saisis par les critères qui délimitent les classes sociales »2. De son côté, Régis Debray note que « l'intelligentsia n'est pas une classe ( elle ne se définit pas par sa place dans le processus de production matérielle et ne peut être référée à une catégorie économique simple); n'est pas une caste (l'appartenance n'est pas héréditaire, on peut entrer et sortir); est plus qu'un groupe informel (armature d'institutions et de comportements) »3. Il finit par donner donc par donner sans