D’Aubigné, Les Tragiques, 1616

Projet à la fois apologétique et poétique, où d’Aubigné se propose de raviver la foi protestante.
Aubigné exacerbe la véhémence du genre prophétique pour pallier la défaillance de l’Histoire. Le sublime protestant se trouve dans l’écartèlement entre les ornements du discours et la langue de
Canaan nue. Il manifeste deux soucis : celui de l’origine et de la fixation (commémoration épique permettant de fixer leur Geste dans un présent hors du temps)
Structure du livre
A partir du livre III, une séquence narrative se substitue à une séquence logique. Volonté de comprendre dans une narration garantie par l’écriture.
Les Fers montrent d’abord Dieu revenu au ciel. Il découvre que Satan s’est mêlé à sa cour. Dieu se félicite ensuite de la constance de ses martyrs. Satan lui propose de laisser provoquer les guerres civiles, pour voir si les réformés persévéreront dans leur foi (1-182). Satan déchaîne les guerres avec leurs combats (327-538) et leurs massacres (539-690) avant le grand épisode de la Saint-Barthélemy avec le massacre de Paris (787-1054) en en province (1055-1116) puis la liste des rescapés par miracle (1117-1190), parmi lesquels le poète : blessé, agonisant, il aurait eu une extase qui lui aurait permis de voir au ciel les tableaux célestes des guerres et massacres dont le livre des Fers fait la description et d’entendre un ange lui décrire l’avenir jusqu’à la fin des temps (1191-1146) ; un épisode mythologique s’intercale avant la conclusion.
Le châtiment suit le crime : Vengeances recense les morts cruelles des bourreaux : un long exorde (1-140) décrit conditions de l’accès à l’inspiration prophétique, puis les morts des adversaires de la première Eglise pdt l’Ancien
Testament sont décrites (141-448), du premier christianisme (449-687), puis le troisième rang des persécuteurs modernes. Une longue péroraison invite à tirer les leçons de ces miracles avant l’annonce de la fin des temps (1123-1132).