Littérature française du xviiiè siècle
Précis de littérature française du XVIIIè siècle.
Robert Mauzi (dir.)
Introduction : auteurs, lecteurs et libraires. La littérature française du 18è s'épanouit dans l'Europe tout entière. Toute éducation aristocratique complète doit comporter un voyage à Paris, les échos de la vie littéraire des gazettes sont attendus, les classiques français circulent, les souverains appellent les écrivains comme conseillers (Voltaire, Diderot), la langue aussi se diffuse : en 1714, le traité de Radstadt, avec l'Empereur d'Autriche n'est rédigé qu'en français, signe d'une langue des élites. C'est Maupertuis, un savant et philosophe français qui préside l'académie de Berlin. Les oeuvres du 18è sont donc écrites pour un public international, et pourtant, elles restent le produit d'un microcosme. Beaucoup d'oeuvres, et même parmi les plus grandes, tirent une bonne partie de leur intérêt aux yeux des contemporains des allusions ou des révélations qu'elles contiennent, car l'époque est à la querelle et la vie littéraire tient lieu de spectacle permanent, propre à faire briller les esprits agiles et à faire vendre les livres. Les disputes deviennent un phénomène accepté, mais beaucoup de bons esprits en viennent à craindre que la littérature s'y pulvérise et y perde dignité. On tente une déontologie : La Motte définit ainsi les règles de la "dispute polie" d'où jaillit la lumière, mais cela n'évite pas à la littérature du 18è d'être écartelée entre son ambition de parler pour l'humanité tout entière et sa tentation, régler les comptes des gens de lettres susceptibles. Il ne faut donc pas oublier que les moeurs littéraires féroces qu'on connues Boileau et Racine se développent jusqu'à la Révolution. Les innovations apportées par Diderot à l'imprimerie les rélègueront ensuite au second plan, car les livres rencontreront un public plus vaste. On trouve un écho de ses