L'ordre du monde - fiche de lecture
Car à première vue, l’expression “L’ordre du monde” semble tautologique : « le monde » traduit le grec kosmos, or celui-ci signifie également ordre. …afficher plus de contenu…
Il faut donc admettre que le réel n’a pas d’ordre, et donc que le monde n’est pas : il n’est composé que de “ces miasmes morbides” que Baudelaire cherche à fuir dans “Elévation” (Les
Fleurs du Mal). Le sujet cherche désespérément à s’envoler “N’importe où loin du monde” (Le Spleen de paris) parce que le monde lui est étranger ; s’il était doté d’ordre, il ne chercherait pas à s’échapper comme un promeneur solitaire. Il faut donc soit croire que le monde n’est pas doté d’ordre, soit admettre que son ordre n’est pas universel, et qu’il n’est donc pas le meilleur des mondes possibles : Antonioni, dans “L’Eclipse”, nous montre notamment à quel point l’ordre du monde du travail peut sembler vain et vide de sens, au point où le sujet ne s’y retrouve plus. …afficher plus de contenu…
C’est donc défendre une véritable poétique du monde : le monde, comme un poème, ordonne en une belle totalité harmonieuse ce qui d’emblée paraissait cacophonique. Ainsi, dans “Zone”, poème ouvrant Alcools, Apollinaire “aime” et célèbre “la grâce de cette rue industrielle / Située entre la rue Aumont-Thiéville et la rue des Ternes” : l’industrialisation qui transforme Paris à l’aube du XXe siècle et pourrait causer une désorientation majeure du sujet, car transformant de part en part “l’ordre du monde” urbain, est en réalité ce qui lui donne l’ivresse du monde. Dans “Vendémiaire”, Apollinaire fait ainsi se répondre les villes pour montrer qu’il “a bu
(…) l’univers” : de la disharmonie apparente d’un monde sans ordre, le poète crée un objet