Ma bohème
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot soudain devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
Arthur Rimbaud, Ma bohème dans Demeny, 1870
Comme poème lyrique j’ai choisie le poème « Ma bohème » d’Arthur Rimbaud dans le recueil Demeny paru pour la toute première fois en 1889.
Jean Nicolas Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville, mort le 10 novembre 1891 à Marseille. Il est mal aimer de sa mère mais très apprécié de son professeur de lettre. C'est un des admirateurs de Victor Hugo et un grand ami de Verlaine. Il met son talent d'enfant prodige au service de ses critiques contre la société qui l'entoure. Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes à quinze ans et demi. Ses derniers à 20 ans.
Dans ce poème Arthur Rimbaud décrit ses fugues et sa volonté adolescente de fuir un milieu étouffant et conformiste.
Définition de lyrisme :
Expression passionnée et poétique des sentiments, inspiration exaltée souvent de caractère intimiste.
Dans cette poésie de Rimbaud, on observe que c'est un sonnet donc il y a deux quatrains et deux tercets mais aussi que les vers sont tous des alexandrins et des rimes embrassées : « Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot soudain devenait idéal ; J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal ; Oh ! là là ! Que d'amours splendides j'ai rêvées ! ». On observe au 7eme ver un rejet