Manon lescaut - lecture analytique 1
Abbé Prévost
Lecture analytique n°4
[« Pardonnez, si j’achève …jamais plus heureuse »] P 214
Manon et Des Grieux sont en fuite dans le désert après le duel entre DG et Synnlet. Les deux amants épuisés se couchent en se donnant des soins réciproques. Elle panse ses blessures. Episode qui marque l'apogée de leur tendresse mutuelle, c'est à ce moment d'union parfaite que la mort vient frapper l'héroïne. Episode très important dans le récit de DG. Seulement, épisode presque impossible à relater tant il fait résonner une souffrance chez le narrateur. Récit qui frappe le lecteur par une grande sobriété, souffrance étouffée du narrateur. Sobriété et pathétique caractérisent cette scène finale du roman.
I / Caractéristiques de la narration
Toute la scène est racontée du point de vue de DG. Il utilise le "nous" qu'une seule fois. Le pronom personnel "elle" utilisé 5 fois dans le passage, ce pronom l'emporte sur le récit.
Le narrateur multiplie les adresses à son interlocuteur, le MdR : ("Pardonnez" "je vous raconte" "n'exigez"). On voit que ce récit d'agonie se distingue par son économie. Il n’y a de longues scènes coupées de narration, pas de débat ou de réflexion religieuse, aucune révolte, aucune posture "mélodramatique". Donc DG a préparé l'événement qui nous est raconté, par l'utilisation d'une hyperbole "un récit qui me tue". Il exagère "un malheur qui n'eu jamais d'exemple" (comme s'il avait été le seul à souffrir de la mort de quelqu'un).
On est frappés par la passivité de Manon face à ce destin funeste et par une certaine sorte de douceur qui entoure cette mort. En fait Manon meurt d'épuisement physique et moral, mais sans signe éminemment révélateur de ce qui est en train de se produire. La mort toutefois est annoncée par quelques signes que relève DG à l'approche de la mort de sa maîtresse : "mains froides et tremblantes", "la voix faible", "soupirs fréquents", " le silence", "le serrement de ses mains" (allitération en "s"). Les