Marie Calumet de Rodolphe Girard
Le roman du terroir prône quatre grandes valeurs : la terre, la famille, la langue et la religion. Ce courant empreint d’une vision idéalisée, fait place à un nouveau genre, le roman anti-terroir. Marie Calumet de Rodolphe Girard publié en 1904 s’inscrit dans ce courant. Il critique l’église par le biais de l’humour. Il ridiculise à la fois le clergé et les paysans. D’une part, par le moyen de Monseigneur l’évêque qui, avec ses agissements, est aux antipodes des valeurs catholiques et d’autre part, par le fanatisme et la naïveté des villageois.
Le clergé est ridiculisé par le biais de Monseigneur l’évêque. Homme de dieu, il est supposé représenter l’Église et les vertus catholiques qui sont entre autres : la charité, la modestie et l'humilité. Or, il arrive dans le petit village de Saint-Ildefonse de façon fastueuse « […] une cavalcade rustique précédait le carrosse de Monseigneur l’évêque, traîné par deux chevaux blancs dont la queue et la crinière étaient tressées avec d’étroits rubans bleus et rouges. » La richesse exagérée de Monseigneur, est mise en évidence par le contraste entre la « cavalcade rustique » des villageois et « le carrosse » presque royal de Monseigneur accompagné de ses chevaux d’apparence méticuleusement soignés. La combinaison de son arrivée digne d’un roi et de son accoutrement grandiose illustre de l’opulence qui n’a rien avoir avec le vœu de modestie qu’il a solennellement fait : « […] levant la main enrichie de l’améthyste grosse comme une noix, Monseigneur traçait, dans le bleu pur du ciel, un grand signe de croix ». La comparaison hyperbolique met l’accent sur la distance entre les valeurs originelles de l’église et celles de l’évêque. L’améthyste qu’il porte au doigt ajoute de la profondeur au décalage entre les valeurs supposées d’un homme représentant Dieu et la réalité indécente. Cela crée un sentiment d’incongruité quand on pense à Monseigneur qui trace le « signe de croix ».