Satire Ménippée, ouvrage fameux de la fin du XVIe siècle, ainsi appelé par imitation de l'auteur latin Varron, qui avait donné le nom de Ménippées à des satires où il avait entremêlé la prose et les vers; non que Ménippe, disciple de Diogène, eût composé ni vers ni satires, mais parce qu'il s'était fait une réputation par son humeur moqueuse et par l'indépendance cynique de son langage. Deux siècles après Varron, Lucien employa encore le personnage de Ménippe comme type du railleur. A l'époque de la Renaissance , les débris des Ménippées de Varron, épars dans les auteurs anciens, furent recueillis par Robert Estienne, et publiés dans sa collection des Fragments des vieux poètes latins (Paris, 1564); il est probable que cette publication ne fut pas sans influence sur les auteurs de notre Ménippée. La Ménippée est un pamphlet politique dirigé contre la ligue, et une oeuvre littéraire d'une grande valeur. Au milieu des passions religieuses et des graves intérêts qui poussaient les partis aux moyens extrêmes, y compris l'assassinat, elle fit entendre la voix de la raison et du bon sens, et contribua beaucoup à l'apaisement général, en ramenant au sentiment du vrai les esprits qu'aveuglaient l'intolérance et l'ambition. Elle parut à un moment bien choisi, après les États Généraux de la Ligue, où il avait été impossible de s'entendre sur l'élection d'un roi, et ses traits acérés aidèrent au triomphe des Politiques, partisans de Henri IV. Ce fut en 1593, et quelques mois avant l'entrée du roi dans Paris , que fut imprimée à Tours une brochure de 15 feuillets, intitulée la Vertu du Catholicon d'Espagne; l'année suivante, après la soumission de Paris, on ajouta à cette brochure un Abrégé des Estats de la Ligue, et le tout reçut le nom de Satire Ménippée.
La défense de la religion catholique était le prétexte sous lequel s'abritait la Ligue pour entretenir la guerre civile et empêcher Henri IV de régner. La Vertu du Catholicon d'Espagne développe cette idée, qu'une fois