Pascal Pensées
LE TEXTE À ÉTUDIER
« Les sciences ont deux extrémités qui se touchent, la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en naissant, l'autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu'ils ne savent rien et se rencontrent en cette même ignorance d'où ils étaient partis, mais c'est une ignorance savante qui se connaît. Ceux d'entre eux qui sont sortis de l'ignorance naturelle et n'ont pu arriver à l'autre, ont quelque teinture de cette science suffisante, et font les entendus. Ceux-là troublent le monde et jugent mal de tout. » (Pascal, Pensées, 1670)
INTRODUCTION POSSIBLE
([1] Amorce, thème, auteur/[2] Problématisation, enjeux /[3] Thèse/ [4] Plan)
[1]
« Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien », déclarait Socrate. Savoir reconnaître qu'on ne sait pas apparaît, depuis Socrate, comme une preuve d'honnêteté intellectuelle et comme la vertu de l'esprit philosophique. Mais faut-il prendre au sérieux, comme le fait également Pascal dans cet extrait des Pensées, cette « ignorance savante » ?
[2]
Il serait plus évident de dire que le savoir s'oppose à l'ignorance : la connaissance viendrait combler les lacunes de l'ignorance naturelle dans laquelle les hommes se trouvent dès leur naissance. Elle viendrait également nous sortir de nos préjugés et de nos idées reçues en nous permettant d'avoir une connaissance vraie. C'est donc l'apprentissage des sciences qui rend les hommes savants ; c'est grâce à lui que les hommes disposent d'une « science suffisante » qui leur permet de connaître la nature des choses. Mais on pourrait également objecter que plus les sciences progressent, plus la nature intime des choses semble nous échapper
(ex. Qu'est-ce que la matière ? Quelle est la forme ou l'étendue de l'univers ? Qu'est-ce qui est juste ou injuste ?). Si bien que le savoir scientifique semble ne pouvoir proposer que des