Pauvereté, exclusion et citoyennté
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Pauvreté, exclusion et citoyenneté
Jeanne BISILLIAT
c La conscience du pauvre est claire ;pourtant il a honte... Il se sent hors de vue d’autrui, cherchant à tâtons dans le noir... L’humanité ne lui prête nulle attention. Il avance et rôde sans qu’on le voit... on ne le désapprouve pas, on ne lui reproche rien ;simplement on ne le voit pas. )> John Adams
On ne peut réfléchir sur l’évolution des relations de genre depuis ces vingt dernières années sans être frappé par la présence d’un certain nombre de paradoxes dont la fonction première est, sans aucun doute, de continuer à assurer, en dépit des revendications et avancées féministes, la permanence d’un certain ordre culturel fondé sur la subordination des femmes et lepouvoir des hommes. Le dernier en date de ces paradoxes apparaît avec-la forte diffusion du concept de développement durable qui a pris toute son ampleur depuis la conférence de Rio en 1992 et qui démontre une avancée épistémologique de la pensée féministe en imposant de placer la réflexion sur les femmes dans le contexte mondial de I’économie et de la politique, contexte fondé sur un grand nombre d’interdépendances complexes. Mais, en même temps que les discours et les convictions de certains permettent aux femmes, par l’introduction de ce concept, d’accéder en théorie et, quelque peu, en pratique à un espace démultiplié, symboliquement décloisonné, potentiellement égalitaire, un autre ensemble constitué, cette fois, de faits structurels (entre autres les crises économiques, la dette, les politiques d’ajustement structurel, la dépendance accrue des pays du Tiers monde) renforce la féminisation de la pauvreté, les replongeant dans l’espace restreint et obscur de la survie individuelle.
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FEMMES DE FAMILLE CHEFS
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Ce sont les liens entre cette pauvreté, structurelle, et l’exclusion, que l’on ne peut plus penser conjoncturelle, dont je voudrais parler dans cet article. Pour tenter d’y. arriver, je procéderai par des