Philo
Je me penche attendri sur les bois et les eaux,Rêveur, grand-père aussi des fleurs et des oiseaux ;J’ai la pitié sacrée et profonde des choses ;J’empêche les enfants de maltraiter les roses ; Je dis : N’effarez point la plante et l’animal ;Riez sans faire peur, jouez sans faire mal.Jeanne et Georges, fronts purs, prunelles éblouies,Rayonnent au milieu des fleurs épanouies ;J’erre, sans le troubler, dans tout ce paradis ;Je les entends chanter, je songe, et je me disQu’ils sont inattentifs, dans leurs charmants tapages,Au bruit sombre que font en se tournant les pagesDu mystérieux livre où le sort est écrit,Et qu’ils sont loin du prêtre et près de Jésus-Christ.
Victor Hugo ( 1802-1885 ) Les contemplations , 1856
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À Aurore
La nature est tout ce qu’on voit,Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,Tout ce que l’on sent en soi-même.
Elle est belle pour qui la voit,Elle est bonne à celui qui l’aime,Elle est juste quand on y croitEt qu’on la respecte en soi-même.
Regarde le ciel, il te voit,Embrasse la terre, elle t’aime.La vérité c’est ce qu’on croitEn la nature c’est toi-même.
George Sand ( 1804 – 1876 )
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Léger comme un moineau
Léger comme un moineauQui a toujours du pain sur sa branche Heureux comme un oiseau Qui guette son poisson dans l'eau.
Les deux pieds dans le ruisseau Je croasse avec les crapauds Ah que ne suis-je un têtardJe n'en serais que moins bavard !
A la croisée des chemins Je sifflote avec les serins Ah que ne suis-je un pinson Je me poserais moins de questions !
En forêt, la nuit tombée Avec les chouettes j¹aime hululer Ah que ne suis-je un hibou Je ne dormirais plus du tout !
Torse nu sous le déluge Je fis d¹une crèche mon refuge Ah je ne suis bien qu'un enfant Animal rêveur insouciant !
Léger comme un moineauQui a toujours du pain sur sa brancheHeureux comme un oiseau Qui guette son poisson dans l'eau.
Jean Marie Audrain ( 1960 - )
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En hiver
Le sol