1. Une scène d’exposition
a) La tragédie s’ouvre in medias res, c’est-à-dire au milieu d’un dialogue entre un jeune homme, Hippolyte, et son gouverneur, Théramène : cette technique permet de créer un effet de vraisemblance car le spectateur n’a pas l’impression que les personnages viennent lui exposer la situation mais qu’il surprend leur dialogue en plein milieu et doit, de luimême, se mettre dans une disposition interprétative pour le comprendre. Nous savons qui sont ces personnages si nous avons lu la liste des acteurs qui est placée juste avant le début de la scène (p. 12). Le spectateur apprend immédiatement le nom de Théramène et le lien d’affection qui le lie au héros avec l’usage de « cher » (v. 1, puis 22). Le fait que Théramène emploie « seigneur » pour s’adresser à Hippolyte marque sa déférence envers lui. Qu’il lui pose autant de questions, qu’il déjoue ses vains prétextes, et qu’il évoque l’enfance du héros et tout ce qu’il a entrepris à sa demande (v.10-14) indiquent sa fonction de gouverneur et leur profonde estime l’un pour l’autre. Le nom d’Hippolyte est enfin connu lorsque le héros parle de lui-même à la troisième personne (v. 49), ce qui est à la fois le signe de sa majesté de prince mais aussi du trouble auquel il refuse de céder. Tout le dialogue porte sur l’inquiétude d’Hippolyte et sur son projet de départ : voilà qui signale d’emblée que le héros va jouer un rôle central dans l’action.
b) La scène se déroule à Trézène (v.2) à l’écart du « tumulte pompeux d’Athène et de la cour » (v. 32). Les lieux sont donc ceux de la Grèce antique, comme l’indiquent les multiples références au mythe de Thésée et notamment à son séjour aux Enfers, mais avec une atmosphère proche de celle de la cour de Louis xiv (avec l’évocation du « tumulte » et de la « pompe » de la « cour »).
c) La pièce s’ouvre sur la décision d’Hippolyte de quitter
Trézène, c’est-à-dire sur un moment de crise et de rupture avec ce qui précédait. Le