Poème liminaire
Poème écrit par Primo Lévi le 10 janvier 1946, placé en tête du livre, comme épigraphe (citation mise en tête de livre ou de chapitre pour en indiquer l’esprit).
En effet, à cette époque, Primo Lévi rédige en même temps :
- la première version de son livre : si c’est un homme (se questo è un’uomo)
- des poésies brèves : parmi les 14 poèmes écrits en 1946, Lévi garde celui-ci et le place en tête de son récit : ce poème d’abord intitulé « si c’est un homme » donnera le titre du livre puis le poème changera de nom : shemà
Le titre shemà renvoie à deux références :
- il signifie en hébreux « écoute » et est le premier mot d’une prière juive importante : « écoute, Israël (shemà, Israël), le Seigneur notre dieu est le seigneur Un » .
- « shemà » est également le mot employé par Moïse aux Hébreux. Après avoir reçu les Dix Commandements, Moïse interpelle ainsi le peuple Hébreux afin qu’il n’oublie jamais les dix Commandements.
Ainsi, Primo Lévi place son œuvre dans une double perspective : une perspective juive, mais surtout comme Moïse, dans un devoir de mémoire : ne pas oublier cette époque. Enfin, il la place dans une perspective pédagogique : faire apprendre aux génération futures ce que furent ces horreurs afin de ne pas les oublier et de ne pas les renouveler.
Ainsi, ce poème se présente comme une préface dans laquelle l’auteur livre ses intentions et indique en partie comment lire son récit.
Tout d’abord, il s’agira de voir comment ce texte donne à voir une réalité crue et inhumaine et ensuite en quoi il donne matière à juger. Enfin, nous verrons de quelle manière se manifeste ce devoir de mémoire.
Développement :
I) Un poème qui donne à voir.
Dés le premier vers, l’auteur veut attirer l’attention de son lecteur par l’interpellation « vous qui vivez en toute quiétude ». Le pronom « vous » placé en tête de vers marque cette insistance. Quant au complément « en toute quiétude » , il souligne le confort de ce lecteur et en