PPE Ettasoeur

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Les premiers jours furent lamentables. Réveillé, à la même heure que jadis, il se disait à quoi bon se lever, traînait contrairement à ses habitudes dans son lit, prenait froid, bâillait, finissait par s’habiller. Mais à quoi s’occuper, Soigneur! Après de mûres délibérations, il se décidait à aller se promener, à errer dans le jardin du Luxembourg qui n’était pas éloigné de la rue de Vaugirard où il habitait.
Mais ces pelouses soigneusement pei-gnées, sans tache de terre iii d’eau, comme repeintes et vernies, chaque matin, dès l’aube; ces fleurs remontées comme à neuf sur les fils de fer de leurs tiges; ces arbres gros comme des cannes, toute cette fausse campagne, plantée de statues imbéciles, ne l’égayait guère’. Il allait se réfugier au fond du jardin, dans l’ancienne pépinière sur laquelle maintenant tombaient les solennelles ombres des constructions de l’Ecole de Pharmacie et du Lycée Louis-le-Grand. La verdure n’y était ni moins apprêtée, ni moins étique. Les gazons y étalaient leurs cheveux coupés ras et verts, les petits arbres y balançaient les plumeaux ennuyés de leurs têtes, mais la torture infligée, dans certaines plates-bandes, aux arbres fruitiers l’arrêtait. Ces arbres n’avaient plus forme d’arbres. On les écartelait le long de tringles, on les faisait ramper le long de fils de fer sur le sol; on leur déviait les membres dès leur naissance et l’on obtenait ainsi des végétations acrobates et des troncs désarticulés, comme en caoutchouc. Ils couraient, serpentaient ainsi que des couleuvres, s’évasaient en forme de corbeilles, simulaient des ruches d’abeilles, des pyramides, des éventails, des vases à fleurs, des toupets de clown. C’était une vraie cave des tortures végétales que ce jardin où, à l’aide de chevalets, de brodequins d’osier ou de fonte, d’appareils en paille, de corsets orthopédiques, des jardiniers herniaires tentaient, non de redresser des tailles déviées comme chez les bandagistes de la race humaine, mais au contraire de les

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