Quand les ecrits restent
A
l’occasion de ce numéro spécial sur la place de l’écriture dans le milieu social je suis allée interviewer une équipe d’éducatrices (avec, bien évidemment, mon stylo et mon calepin). Catherine, Fabienne et Martine travaillent au BAM de Bruge avec des psychotiques adultes. Elles rencontrent plusieurs patients par jour qu’elles voient à domicile. Elles m’ont accueillie à bras ouverts et m’ont permis de mieux comprendre toute l’importance de l’écrit dans leur métier. Il prend sa place tant au niveau de la communication qu’au niveau de la réflexion. Il trouve sa pertinence dans les plus infimes situations de la vie quotidienne.
« L’écriture est un outil indispensable pour communiquer même quand on n’en a pas une pleine conscience sur le moment » m’annonce Catherine, l’une des éducatrices. Le fait de prendre le temps de poser noir sur blanc les choses permet d’éviter les quiproquos. La personne qui écrit a le temps de réfléchir à ce qu’elle va inscrire et peut structurer son texte. Les messages sont généralement mieux transmis.
Cette démarche de noter permet également d’éviter les omissions. S’il y a un message important que l’on doit transmettre à un collègue qu’on ne revoit pas avant deux jours cela peut provoquer des oublis ou une mauvaise restitution de l’information, le fait de l’écrire permet la bonne transmission du message.
Au BAM par exemple l’équipe a mis en place un cahier de communication qui reste sur le bureau. Du fait que chaque membre de l’équipe passe en grande partie sa journée à l’extérieur (au domicile des bénéficiaires) les éducatrices ne se voient pas tout le temps. « Le cahier de communication nous est précieux. Vu que nous suivons des patients différents, chaque coup de fil peut être pour n’importe laquelle d’entre nous. Noter les messages dans
ce cahier permet donc d’avoir les messages rapidement (on le regarde chaque fois qu’on arrive au bureau). » M’affirme Fabienne la responsable de cette