Que m’importe les découvertes qu’un philosophe a faites ou cru faire dans les profondeurs de sa conscience, si je ne lis pas la même chose dans la mienne
Dans cette phrase, il est question de la démarche introspective, et plus précisément ici de l’introspection spontanée. Antoine Cournot reproche à la démarche introspective de n’avoir aucun fondement scientifique. Pour lui, l’introspection spontanée est trop individuelle pour que l’on puisse en tirer des lois universelles. Par ailleurs, pour lui (comme pour bien d’autres à l’époque) une discipline, en l’occurrence la psychologie, ne peut prétendre être une science que si elle fait appel au même système d’investigation que les autres sciences (physique, chimie, physiologie). N’oublions pas que c’est au 19ème siècle en effet, que la médecine connait une vraie révolution en raison des progrès de la chimie et des techniques de laboratoire. Dans ce contexte, comment accepter que l’introspection, qui, pour être pratiquée, n’exige aucun diplôme et ne respecte aucun protocole particulier, puisse oser s’élever au statut de science alors que les « vrais » scientifiques de l’époque, chercheurs et savants, ont, eux, tant sacrifié pour étudier, vérifier, valider, édifier des lois physiologiques, anatomiques, médicales etc…
L’introspection spontanée est-elle cependant si critiquable ? Elle présente l’avantage d’être « simple » puisque seuls le sujet et son désir de s’explorer lui-même suffisent à la mettre en œuvre. Elle conduit par ailleurs à se poser un certain nombre de questions, éveillant l’envie d’y apporter des réponses. En revanche, la personne les trouvera-t-elles et si oui, comment savoir si ce seront les bonnes ? En effet, le principal inconvénient à mon sens, réside ici … dans nos mécanismes de défense. Car à moins d’être extrêmement entraîné à cet exercice introspectif (et encore …), notre « moi » cherchant en permanence à nous