Qu'est ce qu'un mythe littéraire?
Author(s): Philippe Sellier
Source: Littérature , OCTOBRE 1984, No. 55, LA FARCISSURE: INTERTEXTUALITÉS AU
XVIe SIÈCLE (OCTOBRE 1984), pp. 112-126
Published by: Armand Colin
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/23800762
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Et de fait - indice encourageant - on ne peut à leur propos répondre aisément par la négative. Logique de l'imaginaire, fermeté de l'organisation structurale, impact social et horizon métaphysique ou religieux de l'existence, voilà quelles questions l'étude du mythe invite à poser au mythe littéraire. II. Une appellation non contrôlée Mais auparavant il faut affronter les sables mouvants, inventorier les réalités culturelles disparates à propos desquelles se trouve souvent utilisée l'appellation « mythe littéraire ». On peut écarter d'emblée les « mythologies » brillamment analysées en 1957 par Roland Barthes. Si ce mythe-halo, auréole de connotations, permet des enquêtes fructueuses sur les représentations de notre société, il …afficher plus de contenu…
Le scénario de don Juan inverse ce rapport : la bravoure guerrière subsiste (soulignée par Molière), mais la prévalence passe aux « conquêtes amoureuses » ; les séries de combats singuliers deviennent des assauts amoureux (comme dit le héros de Molière, le château fort à prendre, c'est une belle). Parallèlement à cette inversion des insistances s'opère une accélération du tempo séduction-abandon : les héros séduisent vite, mais ils n'en finissent pas de se délivrer des ensorceleuses (les Circé, les Calypso, les Armide); don Juan, lui, remplace cette lenteur par le ballet. Il faudrait prolonger et affiner ces analyses 10. Mais je n'aborde ici don Juan que pour réfléchir de façon générale sur le mythe littéraire