Rimbaud
POESIES 1870-1871
Les corbeaux
Les assis
Les douaniers
Lettres dites du voyant :
[13] mai 1871, à Georges Izambard
Le cœur supplicié
15 mai 1871, à Paul Demeny
Chant de guerre parisien
Mes petites amoureuses
Accroupissements
L’orgie parisienne
Les mains de Jeanne-Marie
Les Poètes de sept ans
Les pauvres à l’église
Ce qu’on dit au Poète à propos de fleurs
Les chercheuses de poux
L’homme juste
Tête faune
Voyelles
L’étoile a pleuré rose…
Oraison du soir
Les sœurs de charité
Les premières communions
Le bateau ivre Les corbeaux
Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand dans les hameaux abattus,
Les longs angélus se sont tus...
Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.
Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous !
Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d'avant-hier,
Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !
Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
La défaite sans avenir.
Les assis
Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;
Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !
Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les