Roman
Au centre de l'interrogation de Kundera, l'histoire du roman, art spécifiquement européen qui prend naissance et se développe à partir de Cervantes dans une certaine idée de négation de l'esprit de sérieux. Pour Kundera, suivant ici l'opinion d'Octavio Paz, « l'humour n'est pas une pratique immémoriale de l'homme ; c'est une invention liée à la naissance du roman. L'humour, ce n'est pas le rire, la moquerie, la satire, mais une sorte particulière de comique, dont Paz dit qu'il “ rend tout ce qu'il touche ambigu ” ».
Analysant avec beaucoup de virtuosité l'art de Rabelais, Kundera en vient à élargir sa propre définition du roman. Pour lui, le livre devient « pleinement et radicalement roman » quand il invente un territoire où le jugement moral est interdit. « Suspendre le jugement moral, ce n'est pas l'immoralité du roman, précise Kundera, c'est sa morale. La morale qui s'oppose à l'indéracinablke pratique humaine de juger tout de suite dsans cesse, et tout le monde, de juger avant et sans comprendre. »
On voit bien, dès lors, que le roman, loin d'être un lieu de culte ou de célébration, demeure à jamais un lieu de dissidence : on y met en question les idéologies les plus sournoises, les concepts les plus rassurants, les idées les mieux reçues.
Quel est, aujourd'hui, dans le monde, à part Salman Rushdie, l'écrivain dont on parle le plus et que sans doute on lit le moins ?
Vous l'avez deviné : c'est Kafka. Dont le nom, traduit dans