Salommbô
Ce passage illustre la vocation première d’un incipit : renseigner le lecteur et susciter son intérêt, afin que d’établir un pacte de lecture qui permette de cerner les principales caractéristiques de l’esthétique du roman.
I. La fonction d’exposition
1) La structure du texte
Cet extrait se fonde sur l’alternance de passages descriptifs et d’exclamations en style direct. Cela confère à la découverte progressive des lieux un effet de suspens, que les exclamations des personnages traduisent dans le registre psychologique de la surprise.
2) Le jeu des points de vue
On assiste à un mouvement d’intériorisation du point de vue. Les premier, deuxième et troisième paragraphes sont en focalisation omnisciente, le quatrième paragraphe en focalisation interne. Cela permet une présentation globale des personnages et du contexte.
3) Les renseignements fournis par le texte
a) Personnages : noms, liens de parenté, âges, apparences physiques ;
b) Lieux : le départ de Valognes (Normandie), l’arrivée à Paris, le quartier en chantier des grands magasins ;
c) Époque : octobre 1864, 8 heures du matin, avant l’ouverture du magasin ;
d) Raisons du voyage : mort du père, pauvreté (et une raison implicite : le scandale causé par Jean et son " histoire de femme à Valognes ").
II. Portrait des " effarés "
1) Des détails pathétiques
a) Thème des orphelins contraints à l’exode économique ;
b) Les signes de la pauvreté (les vêtements, " la dure banquette d’un wagon de troisième classe ") ;
c) L’errance dans le " vaste Paris " ;
2) Le grand magasin, lieu de contrastes
À la pauvreté des personnages s’oppose l’opulence du magasin ; à leurs habits de deuil, les vêtements aux couleurs éclatantes ; à la mort et à la misère qu’ils fuient, la vie fébrile de l’activité économique ; à la petite ville de Valognes, l’expansion de l’univers urbain.
3) Un sentiment ambivalent
Ce faisceau de