Suis-je responsable de ce qui échappe à ma conscience ? puis-je échapper aux exigences de ma conscience ?
D’une manière classique les philosophes ont toujours revendiqué la responsabilité morale de l’homme à l’égard de ses agissements. Etre responsable c’est en effet pouvoir répondre de soi, être le sujet libre de son action. Or l’homme étant par nature un être libre, ses actes ne peuvent s’expliquer par une contrainte extérieure et intérieure, mais relèvent de son initiative. Pourtant si l’homme peut maîtriser ses passions puisqu’il en est conscient peut-il en revanche être responsable de ce dont il n’a pas conscience ? L’hypothèse de la psychologie moderne posant l’existence d’un inconscient autonome radicalement inaccessible à la conscience ne remet-elle pas en question la notion de responsabilité attachée à l’exigence morale ? Si l’inconscient semble pouvoir conditionner nos tendances, nos affections, nos goûts, ces sentiments intérieurs qui nous font agir, est-ce lui qui agit pour nous ? La conscience entendue comme capacité de recul n’a-t-elle pas toujours la possibilité d’accepter ou de refuser les sentiments qui nous habitent? Autrement dit si nous ne sommes pas libres de former nos désirs ou nos impulsions inconscientes, ne nous appartient-il pas en revanche de les réaliser dans l’action ? Par ailleurs, l’inconscient dont nous subissons l’emprise, est-il une forme de déterminisme ou bien le produit d’un refoulement que la conscience provoque en jugeant les faits inacceptables ? Si tel est le cas n’est-elle pas responsable de se laisser déterminer par ce qu’elle a choisi de refouler ?
Si l’homme semble être responsable de tout de qui le pousse à agir puisque c’est sa conscience qui choisit les influences qu’il subit en les éclairant, peut-il être responsable des conséquences de ses actes qui échappent à son contrôle et dont il n’a pas conscience ? Sans doute certaines conséquences sont-elles prévisibles puisqu’elles sont déterminées par les lois sociales et naturelles qui régissent le milieu. Pour autant nous vivons avec