Pourquoi perdre son temps à étudier une langue morte ou une civilisation disparue ? En répondant à cette question dans son discours intitulé Enseignement et éducation, Jacqueline de Romilly pose la question de l’utilité du détour. Ainsi se dessine la problématique : quelle est la nécessité du détour ? Chacun à sa façon, les documents de notre corpus apportent une réponse à travers une analyse symbolique du labyrinthe par Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, un texte narratif tiré d’un roman policier de Fred Vargas,
Salut et Liberté, et enfin une case de Persepolis, une bande dessinée de Marjane Satrapi, détournant la Pietà de Michel-Ange. Nous verrons d’abord comment le détour transmet une connaissance avant de le considérer comme mode de fonctionnement.

Les divers types de connaissances que transmet le détour sont de nature très différente selon nos quatre documents. Le premier document, Enseignement et éducation, est le plus explicite sur la nécessité du détour comme porteur de connaissances. Jacqueline de Romilly montre comment une littérature du passé ouvre à d’autres cultures en faisant revivre une époque et un mode de pensée. En même temps, cette littérature propose une idée de la beauté, non celle d’une beauté universelle mais d’une beauté propre à une culture et transmissible à d’autres. Satrapi, dans sa vignette de Persepolis, procède de même à un double niveau : elle aussi reprend une oeuvre du passé très connue – la Pietà de Michel-Ange – comme un héritage qu’elle modernise en jouant sur sa force émotionnelle et esthétique tout en l’adaptant à un contexte particulier ; simultanément et indirectement, elle évoque un pays en guerre dominé par un sentiment religieux intégriste et qui fait l’éloge du martyr. Elle nous fait ainsi voyager non dans le temps mais dans l’espace puisque cette situation est contemporaine de la nôtre.
Persepolis introduit de la sorte à une autre connaissance portée par certaines formes du détour, celle
du