Tirade du nez
ENTRÉE DANS L’ŒUVRE
Cyrano de Bergerac, comédie héroïque, en cinq actes, en vers…
Première piste : Titre et horizon d’attente
La comédie héroïque, Robert Abichared, in Encyclopaedia Universalis.
Mais, aux alentours de 1630, voici que l’évolution se précipite soudain. L’aristocratie commence à se policer et à s’intéresser aux débats littéraires et philosophiques ; les femmes prennent une place de plus en plus importante dans la société ; des salles de théâtre se créent, encore mal équipées, mais animées par des troupes de premier ordre qui s’y fixent en permanence. Les nouveaux théoriciens, de Chapelain à l’abbé d’Aubignac, soutenus par Richelieu, bénéficient d’une bien plus large audience que leurs prédécesseurs. Et, surtout, le théâtre commence à trouver un statut dans la vie mondaine et sociale de l’époque. D’où une abondance, assez nouvelle, de vocations d’auteurs dramatiques, de Rotrou à Scarron et de Boisrobert à Quinault. De 1630 à 1635, Corneille donne six comédies qui intronisent cette forme avec éclat dans l’univers de la littérature : conformes, pour l’essentiel, aux règles nouvelles, elles proposent un modèle de haute tenue littéraire, mais qui use des conventions avec un discernement inventif ; plus enjouées que proprement comiques, plantées dans un décor contemporain, romanesques sans excès, animées sans gratuité, ces œuvres présentent une vraisemblance intérieure tout à fait convaincante, qui est le produit d’un réalisme hautement stylisé.
Tout cela s’accorde à merveille avec l’idée de la comédie que se font alors, d’après les Anciens, les tenants du théâtre régulier : conçue par opposition à la tragédie, domaine de la terreur et de la pitié, et à la farce, aux ressorts énormes et gratuits, la comédie doit mettre en scène des personnages de condition moyenne, appelés à triompher des obstacles qui se dressent sur leur chemin. Écrite dans un langage élégant et mesuré, elle sera conforme à la