Toutes violences peut-elle être exclue des rapports entre les hommes ?
Intro
En se demandant si le conflit est inévitable dans les rapports avec les autres, il est question de la nature des relations que nous pouvons avoir avec eux. Mais, plus largement, c'est l'éthique de notre civilisation qui est en jeu. Il y va en effet des principes, tant moraux que politiques, susceptibles de réguler, à défaut de l'endiguer, le fond de violence sur lequel s'édifie la civilisation.
Les rapports avec les autres sont-ils nécessairement de l'ordre du conflit ?
Toute violence peut elle être exclue des rapports entre les hommes ?
I.
Voyons d'abord si d'autres formes de rapports avec les autres sont envisageables.
Le terme « autres », dans le sens où il vient d'être employé, est un synonyme du mot « semblables » qui lui, est précisément un terme souvent utilisé pour désigner les Hommes. Or qui dit « semblable » dit la reconnaissance d'une identité, et ainsi l'affirmation d'une parenté, avec tous les sentiments d'affinité que cela peut impliquer, comme par exemple la solidarité ou la sympathie. L'autre est couramment désigné aussi grâce au terme « prochain », sous l'influence de la tradition biblique, avec la très célèbre formule : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». A nouveau, qui dit « prochain » dit la reconnaissance d'une proximité, et ainsi l'exercice d'une sollicitude, avec tous les sentiments éthiques que l'origine religieuse de l'expression implique.
Ainsi, de toute évidence, d'autres relations sont envisageables telles que celles qui relégueraient les autres dans l'altérité distante et volontiers hostile que suggère l'expression « les autres ». La sympathie, par exemple, s'avère être une relation susceptible d'être fondamentale. Elle témoignerait en faveur du fait que nous ne serions pas programmés pour nuire aux autres et nous opposer systématiquement à eux. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est le théoricien de cette sympathie naturelle qui, cultivée, peut donner naissance à l'amour ou