Vers une Europe de la culture
« Si l’Europe était à refaire, il faudrait peut-être commencer par la culture », voilà ce que disait Jean Monnet à ses amis après la Déclaration Schuman du 9 mai 1950. Mais les intérêts économiques puis politiques ont dominé l’intégration européenne, pour donner naissance à la Communauté Européenne de Charbon et d’Acier. La question des intérêts culturels dans la construction européenne semble intéressante, dans la mesure où elle a longtemps été occultée par l’intégration économique et politique européenne. Elle apparaît impérative aujourd’hui, car l’identité et la cohésion européennes sont mises à mal par la montée de l’euroscepticisme et les problèmes globaux auxquels nous faisons face. On a besoin de repenser cette identité, à travers d’autres champs que celui de l’économie, pouvant contribuer à la formation de cette identité européenne. La prise de conscience que la formation d’une identité européenne peut passer par la promotion de la culture a été longue à émerger. Au départ, les intellectuels voyaient l’Europe d’un mauvais œil, impérialiste et néo-capitaliste. Les traités communautaires ne mentionnaient pas explicitement la dimension culturelle de l’Europe. Puis, progressivement, les hommes politiques ont réfléchi sur la question d’une identité culturelle européenne et ont compris que faire appel à la culture pouvait contribuer au rapprochement des citoyens avec la Communauté.
Finalement, se dessine une certaine « politique culturelle européenne », mais qui dit politique culturelle européenne, dit compétence culturelle européenne, et qui dit compétence, dit transfert de compétences de la part des Etats membres. Or, ce transfert n’a pas eu lieu et nombreux sont les Etats opposés à ce transfert, considérant la culture comme inhérente à la souveraineté de l’Etat. Et pourtant, malgré l’absence d’une mention explicite de la culture dans les traités constitutifs, la culture semble faire partie des objectifs communautaires de