Quelques sous-titres traités.

A) Les scènes de son enfance
Parler de réminiscences semble adéquat étant donné que ces scènes restent parfois assez vagues, confuses à l'esprit du poète, et que les dater serait une périlleuse mission. Ainsi en est-il de la scène suivante : « S'il y a une lampe, elle ne sera pas de celles / que portait la servante deux pas devant l'hôte / - et l'on voyait sa main devenir rose en préservant / la flamme, quand l'autre poussait la porte » (p. 58). Une autre scène, bien que plus clairement présentée et racontée au présent, est mise à l'écart par l'usage de l'italique et par l'utilisation du pronom indéfini « on » pour l'introduire à la page 45 : « - le convoi du petit garçon / de l'école au cimetière, sous la pluie ; / une très vieille dame en noir, assise / à la haute fenêtre d'où elle surveille / l'échoppe du sellier ; / un chien jaune appelé Pyrame / dans le jardin où un mur d'espaliers / répercute l'écho d'une fête de fusils : / fragments, débris d'années » (p. 46). A la page 58, le même procédé est utilisé. Ce retour dans les souvenirs d'enfance est l'occasion pour le poète de remonter plus loin encore.

B) Le retour aux origines
La mort de ses proches tend à se confondre avec l'origine jusqu'à laquelle il remonte comme en témoignent les vers suivants où il évoque la disparition de sa mère : « Ainsi s'éloigne cette barque d'os qui t'a porté, / ainsi qu'elle s'enfonce (et la pensée la plus profonde / ne guérira pas ses jointures) » (p. 48). L'image de la barque rappelle immédiatement la célèbre et ténébreuse barque de Charon.

Ci-contre: peinture représentant la barque de Charon.

Ainsi, c'est le mythe qui se retrouve au cœur des souvenirs de l'origine et le poète nous fait nous remémorer le temps – révolu – où la poésie était chantée ; le seul passé simple de l'ouvrage l'évoque : « Parler ainsi, ce qui eut nom chanter jadis / et que l'on ose à peine maintenant » (p. 45). La poésie de Jaccottet se voit liée à l'antique