L'absurde d'après camus
« Un jour vient [...] et l'homme constate ou dit qu'il a trente ans. Il affirme ainsi sa jeunesse. Mais du même coup, il se situe par rapport au temps. [...] Il appartient au temps et, à cette horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi. Demain, il souhaitait demain, quand tout lui-même aurait dû s'y refuser. Cette révolte de la chair, c'est l'absurde ».
La philosophie de l’absurde se base sur quatre principes à savoir : la liberté, la passion, le défi et la révolte. Quant à la carrière camusienne, elle s’articule autour de deux pôles essentiels : L’absurde et la révolte Correspondant à deux étapes de son itinéraire philosophique ; le premier pôle comporte une sorte de prise de conscience du non-sens de la vie qui conduit à l’idée que l’homme est libre de vivre, quitte à payer les conséquences de cette liberté.
L’Étranger (1942), l’un de ses premiers ouvrages, se caractérise avant tout par un style extrêmement neutre — ce que l’on appelle une écriture «blanche» — et méthodiquement descriptif. Le héros et narrateur, Meursault, un employé de bureau, y semble «étranger» à lui-même; dépourvu de sentiments vis-à-vis des êtres et des situations, il agit comme de manière machinale. La lumière, le soleil, la chaleur semblent être la cause d’une soudaine précipitation des événements : sur une plage, à la suite d’une bagarre, il tue un homme de cinq coups de revolver sans pouvoir fournir lui-même de véritable raison à son acte. C’est précisément dans ce décalage entre l’individu et le monde que se situe la dimension absurde de la condition humaine.
L’absurde comme réalité inhérente à la condition humaine est le thème central de la philosophie que Camus développa dans un premier temps. Le Mythe de Sisyphe, essai sur l’absurde, publié la même année que l’Étranger, aborde cette même idée d’un point de vue théorique : comme Sisyphe, condamné à pousser éternellement son rocher, l’Homme est voué à subir un enchaînement automatique