l'atelier volant novarina
« Nous ne voulons pas d’un monde où la certitude de ne pas mourir de faim s’échange contre le risque de mourir d’ennui ». Cette phrase écrite par Raoul Vaneigem lors des évènements de Mai 1968 dans son Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations1 aurait pu inspirer Valère Novarina pour sa pièce L’atelier Volant2, écrit de 1968 à 1970. On retrouve en effet dans celle-ci une colère ouvrière semblable aux événements de mai 68, où se nourrir devient incompatible avec le divertissement et où les conditions ouvrières sont déplorables.
Né en 1942, ce dramaturge, metteur en scène et peintre franco-suisse à commencé sa carrière à 26 ans avec L’atelier Volant qui fût à l’époque mise en scène par Jean-Pierre Sarrazac, 4 ans après son écriture, en 1974 et qui parle donc du rapport de domination patron/ouvrier, tout à fait d’actualité à l’époque.
Cependant, cette pièce, bien que souvent réactualisée par d’autre metteur en scène, fût mise de côté par Novarina et ce n’est qu’en 2012 qu’il décida de s’atteler lui-même au travail de mise en scène.
Ainsi, la pièce, vieille pourtant de près de quarante ans, réapparait dans une conjoncture où ses mots frappent avec une justesse étonnante dans ce contexte de crise où le rendement est maitre mot au sein de l’entreprise, au détriment de l’identité ouvrière.
Pour traiter de cela, Novarina utilise la figure patronale dominante du couple Boucot/Bouche, opposés en toute chose à leurs ouvriers totalement déshumanisés.
Nous pourrions alors nous interroger sur la manière dont Novarina crée la montée progressive de la tension entre patron et ouvriers, jusqu’au soulèvement ? Pour répondre à ceci nous verrons en premier lieu comment la domination patronale est retranscrite, puis nous verrons de quelle manière les ouvriers sont quant à eux, totalement chosifiés, animalisés au détriment de leur identité personnelle. Enfin, nous nous pencherons davantage sur le rapport à l’argent et aux biens