L'etude de genre
« C'est à travers les yeux des hommes que la fillette explore le monde et y déchiffre son destin[1]». Ici, Simone de Beauvoir résume l’essentiel de ce qui se posera en fondement de l’étude de genre. En effet, les femmes sont soumises à une domination masculine, factuelle, structurante, idéologique, reproductive, identitaire, etc. Autant de postulats qui servent de base aux critiques féministes qui remettent en cause une vision traditionnelle de l’étude des Relations Internationales, qui, pendant longtemps s’est intéressée principalement « aux échanges politiques et économiques des Etats, à la construction de la Nation, et aux conflits découlant de systèmes de recherche de pouvoir sur la scène internationale[2] », concepts jugés neutres ou masculinisés. A partir de ce constat, Didier Bigo et Jasmine Champenois tentent, dans leurs présentations, de mettre en valeur les critiques apportées par la perspective de genre en Relations Internationales, non sans toutefois reconnaître la complexité du projet. En effet, les approches sont nombreuses et diverses, tantôt convergentes et tantôt concurrentes, ontologiquement et méthodologiquement variées. Néanmoins, un projet commun les habite : s’émanciper d’une vision traditionnelle qui élude la notion de genre dans ses analyses, recadrer les questions de pouvoir dans des sphères jusqu’alors ignorées, et se faire reconnaître légitimement dans la discipline des Relations Internationales. Ainsi, et devant le manque de reconnaissance qui perdure encore vis-à-vis des études de genre, il convient de s’interroger : le « projet » féministe peut-il s’imposer dans la discipline ? Pour y parvenir, il devra réaffirmer ses objectifs et sa méthode (I), et relever le défi des concurrences interne et externe qui le mettent à mal (II)
I. LA PERSPECTIVE DE GENRE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES : OBJECTIFS ET APPORTS METHODOLOGIQUES
A. Un « projet » féministe
Rendre les