L’île des esclaves, Marivaux

L’île des esclaves est une comédie en prose écrite par Pierre Carlet, dit Marivaux en 1725. Grand dramaturge du siècle des Lumières, il explore sans relâche la fonction sociale et morale du langage et le thème de l’amour.
Lors de sa première représentation en 1725, la pièce reconnut un très vif succès. Elle fut même qualifiée de « petit bijou » par Beaumarchais lui-même.
La pièce est composée d’un unique acte, dans lequel se succèdent onze scènes d’inégale importance.

Sujet
Iphicrate et son valet Arlequin, ainsi qu’Euphrosine et son esclave Cléanthis ont fait naufrage et ont échoué sur l’île des esclaves, dont Trivelin est le gouverneur. Cette île, fondée par des esclaves révoltés, impose sa loi: les maîtres doivent libérer leurs esclaves et prendre leur place, devenant esclave à leur tour. Ainsi, ils se soumettent à l’autorité de leurs anciens esclaves et doivent entendre les critiques qu’ils ont à leur faire. Arlequin et Cléanthis se laisseront néanmoins toucher par le désespoir de leurs maitres et leurs pardonneront.

L’œuvre
Le titre est évocateur, en effet une île est un lieu clos où tout est possible, du moins par l’imagination. Le mot «île» révèle une connotation positive, contrairement au mot «esclave», qui porte une connotation négative.

Les personnages
Les personnages de l’île des esclaves sont peu nombreux : trois hommes, deux femmes. Trois d’entre eux portent un nom d’origine grecque, ce qui concorde avec le temps de l’action, supposée se dérouler dans l’Antiquité.
Etymologiquement, Iphicrate signifie «celui qui règne par la force». En effet, des la première scène, Iphicrate montre clairement sa volonté de puissance. Les ordres qu’il donne à Arlequin et la façon dont il réagit quand celui-ci refuse de lui obéir montrent bien le pouvoir d’Iphicrate. Dès lors que la force physique lui est retirée, Iphicrate n’a plus les moyens de régner sur Arlequin.
L’étymologie d’Euphrosine signifie «pleine de joie».