L'analyse culturelle de Mary Douglas.
Marcel Calvez
L’analyse culturelle a été développée par Mary Douglas dans les années 1970. Elle porte sur le rôle de la culture dans la fabrication de l’ordre social. Dans le contexte de l’anthropologie sociale britannique et dans la suite de Edward Evans-Pritchard, elle reprend et étend les apports de Émile Durkheim sur la formation des institutions sociales dans l’objectif de construire une démarche opératoire d’analyse et de comparaison des cultures. Elle rejette l’évolutionnisme social des premiers écrits de Émile Durkheim pour considérer de façon comparable différentes cultures. Elle rompt également avec l’approche culturaliste qui mobilise une herméneutique de la culture d’inspiration philosophique ou esthétique. Elle lui substitue une approche sociologique en considérant dans la culture les principes et les jugements qui guident et qui nourrissent les actions des individus. Elle construit une analyse dans laquelle l’organisation sociale et les principes culturels se combinent pour assurer la stabilisation et la reproduction des institutions sociales. Ce cadre sociologique lui permet d’analyser les cultures singulières, d’en expliquer les contenus cognitifs et axiologiques qu’elles revêtent dans leur correspondance avec la fabrication de l’ordre social des groupes qui les utilisent comme moyen d’échange et de communication.
2L’apport spécifique de l’analyse culturelle réside dans la prise en compte de quatre types différents d’institutions sociales qui sont exclusifs les uns des autres. Ces institutions se manifestent dans des modes de participation sociale, des principes culturels, des rationalités qui différent les unes des autres. Mary Douglas distingue ainsi des institutions individualistes, hiérarchiques, égalitaires et fatalistes. Ces quatre types se retrouvent de façon plus ou moins explicite dans la littérature sociologique ; mais ils sont le plus souvent