l entrepreneuriat
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EXTRAIT DE L’ETUDE
« ENTREPRENEURIAT, PME ET MÉDITERRANÉE : UN REGARD KALÉIDOSCOPIQUE »
Michel MarchesnayProfesseur émérite à l’Université de Montpellier, ISEM-ERFI
II . SUR L’ENTREPRENEURIAT II.1. Un double sens
Le mot entrepreneuriat est inspiré du terme anglais « entrepreneurship » , lui-même inspiré du terme français « entreprendre » (comme « management », hérité de
« ménagement ») On peut trouver à ce terme une double origine, une double signification, entraînant une double approche théorique :
- « Entreprendre », c’est « se mettre entre » , s’ « entremettre ». Ainsi, l’impresario (entrepreneur, en italien) s’entremet entre les acteurs et les organisateurs de spectacles. De même, l’entrepreneur (selon la définition de Jean-Baptiste Say, inspirée d’Adam Smith, reprise par Walras) s’entremet entre l’ « offre » de biens et services et leur « demande ». Pour cela il s’ « organise » en acquérant ou louant des ressources pour offrir les biens demandés par le marché, qu’il contribue ainsi à équilibrer.
- « Entreprendre », c’est « prendre entre », se saisir, par ruse ou par force. Un entrepreneur entreprenant s’efforce de capter la clientèle, « entreprend un marché», en particulier par l’innovation. Telle est la définition de Schumpeter et de l’École autrichienne. Dans cette acception, l’entrepreneur construit le marché, le modèle, comme le soldat « entreprend une forteresse ». Il contribue ainsi à le perturber, à le déséquilibrer.
À la première vision, plutôt passive et gestionnaire, axée sur la durée, s’oppose donc la conception active, voire agressive, fondée sur des « coups ». Dans le premier cas, l’activité d’entrepreneur est une fonction sociale dont la légitimité se fonde sur la mise à la disposition de biens conformes aux besoins exprimés. Dans le second cas, la fonction et la vocation de l’entrepreneur est transitoire : l’entrepreneur innovateur est appelé à être remplacé par les managers (qu’on pense à Bill