l incipit de la blancheur
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Le Rêve, en dépit de toutes les déclarations de Zola qui affirme à plusieurs reprises que le sujet est programmé dès les premiers plans, est en fait la réalisation d’un projet tardif. Il émane d’une volonté de surprendre le public et est donc, comme La Bête humaine immédiatement après, écrit en fonction d’une attente, qu’il s’agit en définitive de décevoir. La première phrase de l’Ébauche, qui est le stade liminaire du travail de conception chez Zola avant les « Plans détaillés », les « Fiches Personnages » et les notes documentaires, est la suivante : « Je voudrais faire un livre qu’on n’attende pas de moi ». C’est dire que le premier souci du romancier est la réception de son roman, une réception qu’il cherche, en réfléchissant sur le statut générique de son œuvre, à modifier en tirant son lecteur de ses habitudes. La blancheur de la neige a une évidente fonction méta-textuelle (qui s’interroge sur elle-même) à l’ouverture du roman : page blanche que le romancier doit noircir, sans doute, d’autant que c’est sous le porche d’un monument que s’ouvre le récit, ce qui redouble encore l’effet de commencement. L’intertextualité est également présente dans l’évocation de la pauvre petite misérable : la petite fille aux allumettes de Andersen écrit en 1845, ancrant le merveilleux du conte. Mais le merveilleux évoqué ici sera un merveilleux chrétien évoqué par le blanc et le bleu de la vierge marie, le blanc de la virginité des saintes.
Cet incipit peut-il surprendre un lecteur habitué de Zola ?
Il semble être un incipit statique misérabiliste qui n’étonnerait pas un lecteur de roman réaliste ou naturaliste et renseigner le lecteur tout en donnant un ton pathétique mais il ajoute une part de merveilleux propre à étonner le lecteur zolien sans oublier la grande place que tient l’allégorie dès le début de cette œuvre.
Pendant le rude hiver de 1860, l’Oise gela, de grandes neiges couvrirent les plaines de la basse Picardie ; et il en vint surtout une bourrasque du