Étude stylistique (Renard)

INTRODUCTION Si L’Écornifleur de Jules Renard avait été jusqu’à ce moment l’histoire d’un parasite, d’un homme qui ne cesse jamais de faire des références directes à des œuvres, et qui prétende de voir le monde à la manière de la littérature, c’est à ce chapitre qu’on pourrait prétendre de reconnaître un changement de direction. Comme le dit le titre du chapitre d’où l’extrait est tiré, l’écornifleur Henri est invité à « dire quelque chose ». Le lecteur s’attendrait donc à ce qu’il cesse de vivre de littérature et qu’il utilise enfin ces propres mots pour s’exprimer.
Cependant, la situation n’est pas aussi tranchée qu’on peut le croire : on voit clairement comment l’absence de la possibilité de parasiter la littérature provoque dans le protagoniste un motif de paralysie linguistique en face des demandes de M. et Mme Vernet, que au fil du texte assumera une dimension humoristique et satirique.
Par conséquent dans cet étude de stylistique nous allons nous interroger, outre que sur cette dernière dimension [2], sur comment une scène qui s’annonce être théâtrale et distinctement subjective [1] finit par être surmontée d’un texte stagnant [3].

PROBLÉMATIQUE
De quelle manière, sous l’apparence de l’expression d’une subjectivité et le manque du parasitisme propre au personnage de Henri, retrouve-t-on dans le texte ce qui définit l’écornifleur ?

PLAN

1. LA PRÉPARATION D’UNE SCÈNE THÉÂTRALE | | 1.1 Une écriture théâtrale En accord avec le reste du texte de Renard, le style de l’écriture apparaît très théâtrale. On peut lire le dialogue des personnages dans leurs voix mêmes. Les répliques se succèdent l’une après l’autre, interrompues par des silences où le personnage-narrateur Henri décrit les actions. Ces silences sont reprochables aux didascalies qu’on peut lire dans les pièces de théâtre. Il s’agit de notes ou paragraphes, rédigés par l’auteur, donnant des indications d’action, de jeu ou de mise en scène. Elles