Étude d'oeuvre : la lettre à ménécée (epicure)
Préambule de la lettre
Il s’agit d’une lettre écrite à un jeune disciple, qui traite d’une morale du bonheur en quatre points ("quadruple remède"). Son propos est de montrer l’importance de la philosophie à tout âge de la vie, en expliquant le rapport entre la philosophie et le bonheur : étant donné qu’à tout âge nous désirons être heureux, il faut faire de la philosophie à tout âge.
Epicure commence par souligner l’urgence de la philosophie aux âges extrêmes de la vie, jeunesse et vieillesse. Il remet ainsi en question l’opinion qu’à ces âges la philosophie serait secondaire ou inutile. En effet, on pourrait croire que philosopher ne sert de rien à un jeune, car il a devant lui beaucoup de temps de vie, et d’autres préoccupations ont pour lui plus d’importance ; et quant aux vieillards, fatigués, qui ont abondamment appris de la vie, on pourrait douter que la philosophie puisse leur être utile. Epicure explique ensuite cette urgence par le rapport entre philosophie et bonheur. C’est parce que la philosophie apprend à être heureux qu’on en a besoin pendant toute sa vie. La philosophie est une médecine de l’âme. La notion de santé renvoie à ce qu’Epicure appelle ataraxie (absence de trouble, tranquillité de l’âme). Refuser de philosopher revient à refuser d’être heureux, ce qui est absurde. D’après Epicure, le jeune comme le vieil homme doivent donc philosopher, ils peuvent même le faire ensemble. Ne recherchant pas les même bonheurs, ils pourront s’apporter mutuellement ce qui leur manque : le jeune homme l’élan de sa jeunesse, le vieillard son expérience. La philosophie va permettre au vieil homme la "réminiscence affective" : se souvenir de sa jeunesse. En effet, selon la conception matérialiste d’Epicure, notre passé est conservé matériellement en nous, et toujours disponible : se souvenir du passé, c’est le revivre matériellement. Le vieillard peut donc revivre le plaisir dont il a fait provision durant sa jeunesse. Au