9782210441163 francais1 LDP partie3
PARTIE III – Outils d’analyse
Chapitre 1 – Le récit
1 – Étudier le statut du narrateur
p. 431 (ES/S et Techno) p. 551 (L/ES/S)
A Le texte de Jules Vallès, écrit à la première personne, mêle différents temps du passé : on peut s’intéresser à l’opposition entre passé simple de l’indicatif et passé composé de l’indicatif : le passé simple « il fut humilié », « un grand sauta sur lui et le souffleta » désigne avant tout ce qui est rejeté dans un passé révolu, sans ancrage dans le présent et qui renvoie à l’enfance du narrateur. Le passé composé évoque le moment où le narrateur-personnage revient sur les lieux de son histoire : les verbes « J’ai pu », « j’ai pris », « j’ai dû », « je n’ai pas osé » évoquent le mouvement physique et psychologique du narrateur-personnage qui avance vers le collège : ce passé composé, est ancré dans la situation d’énonciation, il est presque contemporain du moment de la narration et le désigne. D’autres verbes conjugués au passé composé ont un statut intermédiaire : « je l’ai vu » « j’ai senti » indiquent une sensation, et une émotion du petit Jacques, qui réapparaissent dans le présent avec toute l’intensité du moment où elles sont nées : le passé lointain de l’histoire et le présent de la narration se rejoignent : selon la formule de
Benveniste, le passé composé « établit un lien vivant entre l’événement passé et le présent où son évocation trouve place ». Cette rencontre du passé simple, coupé de la situation d’énonciation, et du passé composé, ancré dans le temps de la narration, aboutit à la superposition du passé des événements racontés, et de la voix qui, au présent, les raconte.
Ce procédé permet au lecteur de suivre un récit à deux niveaux : le premier niveau est celui des événements remémorés, et renvoie au personnage de l’enfant ; le second niveau est celui du moment où le personnage, devenu adulte raconte ces événements.
B Si le jeu temporel entretient une certaine ambiguïté autour de