bigfish
Celui-ci en souffre, car passé l’émerveillement qu’il avait à écouter les invraisemblables histoires de son père dans son enfance, l’âge adulte lui a laissé l’amer sentiment de ne point connaître cet homme étrange, toujours aàressasser les mêmes extravagantes anecdotes, enfermé dans l’univers qu’il s’est construit, héros de sa propre légende. La rupture est consommée depuis de longues années lorsque le film débute, et la santé déclinante du père rappelle le fils auprès de lui. Celui-ci apprend alors à réécouter la légende familiale, à y prêter une oreille nouvelle . Et le spectateur de se laisser guider par ce réalisateur de génie au sein d’un rêve sublime, empreint de poésie, de délicatesse et de pudeur. La possibilité de ré-enchanter nos vies, voilà la grandiose leçon que ce poète moderne nous donne, avec légèreté. Il nous dévoile cette capacité si propre à l’homme de transcender le réel pour le sublimer, d’extraire l’essence des choses pour la magnifier, de conférer un peu de sens à notre court passage ici bas et d’en exalter la beauté. Surtout, ceci repose sur l’aptitude à raconter des histoires, à y croire, et à se laisser porter vers des mondes imaginaires. Il rejoint par là le rôle de conteur moderne déjà endossé lors de la réalisation de son célèbre Edward Scissorhands. Pourtant, on entend souvent ceux de toutes les luttes reprocher aux rêveurs de fuir la confrontation au réel, d’abandonner la lutte, de renoncer au combat, en un mot de se résigner. L’imaginaire et le rêve sont perçus au mieux comme un refuge, un havre de paix, au pire comme une échappatoire, une fuite en avant. Pour changer notre condition, battons-nous, profèrent-ils, restons ancrés dans le réel, militons, manifestons, partons en guerre contre les gouvernements, contre les potentats de toutes