Bon goût et mauvais goût
Licence 2 de Philosophie Premier semestre 2007/2008
Esthétique 1 "Bon Goût et Mauvais Goût"
« Tous les goûts sont dans la nature », dit le proverbe populaire. Depuis l’Antiquité et, plus récemment, les débuts de la philosophie de l’art au début du XVIIIème siècle, des centaines de débats ont lieu, et des centaines d’auteurs ont écrit sur la question tant de fois rebattue du « beau » et, la deuxième notion étant parallèle, de la diversité des « goûts ». Cette question est en effet parallèle car elle se pose naturellement juste après la question du « beau ». Il est tout à fait fréquent de voir, quand deux personnes parlent d’une même chose dans les termes qui sont ceux utilisés (notamment par l’esthétique, mais aussi dans le langage de tous les jours) pour désigner l’aspect extérieur (qui peut être soit agréable, soit désagréable) de choses diverses (qui peuvent aller d’un vulgaire rocher à une peinture, en passant par une personne), qu’elles peuvent ne pas avoir la même conception de ce qu’est le « beau ». Il est en effet très régulier de sortir d’une salle de cinéma avec plusieurs ami(e)s et, lors de la discussion qui s’en suit sur le film vu, de s’apercevoir que le film a plu à certains et pas à d’autres. S’en suivent alors des apostrophes enflammées où les différents protagonistes tentent de montrer que leur point de vue est plus « vrai » que celui de ceux qui disent l’inverse. Ce genre de conversation, si elle ne débouche pas sur un débat enrichissant pour tous, finit souvent par cette phrase définitive et lourde de conséquences philosophiques : « de toute façon, tu n’as pas de goût. » Cette phrase, pourtant anodine, est le départ d’un très long débat (qui a commencé avec l’esthétique au XVIIIème siècle et qui continue encore jusqu’à nos jours) qui tourne autour de la problématique suivante : « Peut-on parler de bon goût ? Est-ce que cela a un sens ? », ou, sous une autre formulation : « Peut-on dire d’un goût qu’il est vrai ou universel ?