Commentaire verlaine "le piano que baise une main frêle"
« Le piano que baise une main frêle » est un poème qu’il faut rattacher au recueil « Romances sans paroles » (1874) et de la partie Ariettes oubliées (l’ariette V). Dans ce poème lyrique de Verlaine le terme " romances " évoque une chanson sur un thème sentimental, l'expression " sans paroles " désigne sans doute le refus du discours, la recherche d'une poésie presque " au-delà des mots " qui soit seulement chant de l'âme, respiration, murmure. L'acte de naissance du lyrisme romantique est en général daté de 1820, lorsque paraissent les « Méditations poétiques » de Lamartine. Le lyrisme évoque une manière bien particulière de s'exprimer, une manière passionnée et poétique, de vivre. Le poète adopte le ton élégiaque et trouve dans la nature le rêve et des moyens de s'évader que la société ne lui permet pas. Ce poème est-il caractéristique de l'art de Verlaine ? illustre -t-il le premier vers de L'art poétique : « De la musique avant toute chose» ? Nous étudierons d’abord les procédés qui créent cette atmosphère musicale puis, la présence du poète enfin les effets qu'une telle atmosphère produit.
les procédés qui créent cette atmosphère musicale
Premier élément surprenant pour le lecteur qui découvre ce texte est sa composition en deux sizains symétriques de décasyllabes qui s’avèrent au plan syntaxique et au plan rythmique totalement divergents. Chacun des deux sizains décrit un itinéraire : le premier conduit de la « main frêle » jusqu’à « Elle » (d’une désignation métonymique de la femme à une désignation sublimée par la Majuscule) en traversant au vol un boudoir parfumé, tandis que le second mène du berceau au petit jardin : d’un enfermement passé à une évasion prochaine. Chacun des deux sizains reprend donc à sa façon le motif du vol : une musique-oiseau rôde à travers la pièce dans la première strophe avant de s’en échapper dans la deuxième. En son ensemble, la trajectoire dessinée par les deux strophes mène du piano à la fenêtre. Nous