Connaisance de soi
Ce sujet évoque une différence qu’il est devenu courant d’observer : il semble plus facile de juger les autres que de se juger soi-même. D’où un fameux dicton : voir la paille dans l’œil du prochain et ne pas voir la poutre dans le sien. Comment en effet ne pas être partial lorsqu’il s’agit d’identifier ses propres qualités ? Chacun est sans doute trop attaché à lui-même pour s’observer en toute objectivité – c’est ce qu’on appelle le narcissisme. Y a-t-il donc un privilège de la connaissance des autres ? Celle-ci, par nature, et en comparaison de l’autre, est-elle moins complexe, plus immédiate et plus objective ? On pouvait évoquer dans une première partie la théorie freudienne de l’inconscient : il y a une partie de nous-mêmes, qui sans échapper aux autres, ne peut pas devenir consciente.
Mais la difficulté de la connaissance des autres n’est pas moindre : car si l’on a accès immédiatement à ses propres états d’âme – nos contenus de conscience sont des faits, disait Bergson – , la conscience de l’autre n’est jamais directement accessible. L’intériorité est une forteresse (Epictète) dont nous n’apercevons que ce que les autres veulent bien montrer ou dire. On croit ou devine ce que pense l’autre, mais au fond on n’est jamais tout à fait sûr. Faut-il donc les rendre équivalentes, voire même y renoncer ? Car le sujet ne porte pas sur la conscience des sentiments et des états, mais sur la connaissance de ce que chacun est véritablement. La connaissance renvoie à ce qu’il y a en soi et en l’autre d’identique, de permanent. Or, ce « moi » est-il accessible ?
On pouvait alors s’interroger sur ce qu’on appelle « soi ». On pouvait penser ici à Hume et à sa critique du moi : le moi est un concept, non une réalité. Comme on pouvait faire référence à Pascal : l’identité de l’autre est inconnaissable, on n’aime jamais que des qualités.
Mais si le moi entendu comme l’ensemble des qualités fixes