Des cannibales de montaigne
Rares sont les auteurs qui, dans la première moitié du XVIème siècle, prennent conscience des découvertes géographiques et parviennent à en tirer des conclusions morales et philosophiques. Le plus souvent, ces explorations n'entraînent pas un éveil de la réflexion mais sont l'occasion de replonger dans le merveilleux chrétien et de réactiver de vieux discours mythiques. Montaigne s'élève avec vigueur contre la colonisation qui se met en place de l'autre côté de l'océan. On voit la force de sa protestation dans ce passage tiré du livre I, chapitre XXXI intitulé "Des Cannibales ", où il se livre à un renversement total de notre représentation du sauvage sanguinaire.
Tout d'abord Montaigne conteste la dénomination de «barbarie», que l'on applique seulement à l'étrangeté «Je trouve qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage». Ce texte montre la relativité des jugements et critique l'ethnocentrisme européen. «il semble que nous n'avons autre mire de la vérité et de la raison que l'exemple et idée des opinions et usances du païs où nous sommes ».
Le champ lexical de la première phrase du deuxième paragraphe appartient à la dégradation de l'existence : coûtera, ruines, bien misérables, piper).
Le superlatif " le plus admirable " nous surprend car il est suivi de critiques cinglantes. Ce texte appartient au registre