Haines en Saxe aux Xème et XIème siècles

La faide des Billung

Le thème des frères ennemis est un thème récurent de l’histoire et de la littérature comme par exemple Seth et Osiris, Jacob et Esaü ou encore Romulus et Remus. A chaque fois il y avait un conflit car entre les deux il n’y avait qu’une place pour le trône, l’héritage, l’honneur et la gloire. La période du haut Moyen Âge n’échappe pas à ces relations familiales tendues, notamment le monde ottonien, malgré le fait que les relations avaient été largement idéalisées dans les sources, les présentant comme fondées sur l’entente, l’affection et la solidarité. De base la notion de fraternité renvoie à un lien horizontal, donc de type égalitaire, unissant entre eux les membres d’une même fratrie. Cette solidarité fraternelle est en générale présentée comme la norme en Saxe, car dans le cas où le défunt aurait plusieurs héritiers, la plupart du temps il y avait un partage de la puissance ou de l’héritage ou alors une gestion conjointe entre les frères qui les amenaient a une solidarité.
Or il existait aussi une violence extrême car intrafamiliale, qui brisait la solidarité et la paix normalement préservées au sein de la famille. Les origines de ces conflits se situent le plus souvent dans le sentiment d’injustice et de jalousie ressenti par un des membres de la famille qui considère ses intérêts comme lésés. C’est le cas de la famille des Billung qui s’est scindée pendant plusieurs années que nous allons étudier à travers deux sources narrant ces événements.

La première source dont nous disposons et qui aborde cet aspect assez méconnu de la haine en Saxe au Xème et XIème, nous provient d’un extrait d’une Histoire des Saxons (Rerum Gestarum Saxonicarum) rédigée par Widukind de Corvey aux alentours de 968.Widukind était un chroniqueur saxon, et un moine de l’abbaye de Corvey né en 934 dans une famille de la haute aristocratie de Westphalie. Il est l’auteur d’une