A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Émile Nelligan présentent, dans Cage d'oiseau et Les Corbeaux, une même vision de la fatalité ? Discutez.

Les poèmes de Saint-Denys Garneau et d’Émile Nelligan présentent tous deux une fatalité, qui est associée à leur propre mort et celle-ci est symbolisée par des oiseaux. Dans le poème Les Corbeaux, les oiseaux représentent des charognards utilisant le corps du poète comme source de nourriture : « Or, cette proie échue à ces démons des nuits; N’était autre que ma Vie (…)» (ligne 9-10). Nelligan utilise un vocabulaire dépréciatif en présentant les corbeaux de manière défavorable. Cela traduit le jugement du poète qui considère ces corbeaux comme des démons représentant ainsi la mort. L’homme se fait en effet littéralement dévorer par des corbeaux. Nelligan montre aussi les effets de la mort sur lui : « (…) ma Vie en loque, aux ennuies; Vastes qui tournant sur elle ainsi toujours » (ligne 10-11). La mort est donc omniprésente dans son poème. Dans Cage d’oiseau, l’oiseau est aussi un symbole de la mort. Il y est représenté comme une préparation du décès du poète. En effet, l’oiseau « (…) ne pourra s’en aller; Qu’après avoir tout manger; Mon cœur; La source du sang; Avec la vie dedans » (ligne 19 à 23). Cette gradation vise à l’adhésion du lecteur à l’idée que l’oiseau est l’âme du poète et qui ne pourra partir qu’une fois que le corps soit dépouillé de toute trace de vie. Il est évident que l’être se fait manger de l’intérieur par un oiseau à un rythme très lent. La mort approche au fil que le temps avance. En bref, La mort témoigne donc une vision évidente de la fatalité par l’entremise des oiseaux à travers ces deux poèmes.

Les deux poèmes diffèrent toutefois dans la représentation de la mort. Nelligan représente une mort qui se fait de l’extérieur. Pour lui, son âme est une « (…) charogne éparse au champs des jours, Que ces vieux corbeaux dévoreront en entier » (ligne 13-14). Cette allégorie facilite la