Fénelon
Nous nous intéresserons ici à un extrait de cette dernière, où un certain frère Adoam dépeint au jeune Télémaque et à son précepteur, les héros du roman, un pays extraordinaire la Bétique, sorte de paradis sur Terre.
Nous examinerons comment l'auteur a voulu développer une argumentation didactique à destination de ses lecteurs. Si, dans un premier temps, il recourt au registre merveilleux pour décrire l'utopie qu'est la Bétique, il se livre par la suite à une critique satirique de la société de l'époque, visant à conduire le lecteur à adopter une nouvelle conception du monde et du bonheur.
Dans tout le premier paragraphe, le but de Fénelon est de dépayser le lecteur par la description élogieuse d'un lieu utopique voire mythique qu'il nomme « la Bétique » Tout d'abord à la ligne 5, Fénelon fait référence aux « délices de l'âge d'or » que l'on pourrait situer près de l'Antiquité. La situation géographique, elle, est illustrée par l'emploi de noms propres tels que « le fleuve Bétis » (l.1), « le grand Océan » (l.2), « des Colonnes d'Hercule » (l.3), ou encore « la Terre de Tharsis [...] la grande Afrique »(l.4). Le lieu décrit peut donc être considéré comme hors du temps et de l'espace puisqu'il se situe aux limites du monde connu et que les termes employés par l'auteur renvoient à des époques historiques inscrites dans les légendes où régnait une harmonie complète entre les différents peuples. De plus, la présence du présent de l'indicatif dans le texte lui donne une valeur d'éternité comme on le voit avec « coule » à la ligne 1 et « se jette » à la ligne 2. La Bétique semble alors immuable, figée et ce sentiment est ensuite renforcé par la répétition de