Guerre
Il suffit d’ouvrir n’importe quel livre d’Histoire pour constater que l’Histoire de l’humanité se confond avec celle du sang versé, des crimes et des guerres. D’où vient cette horreur ? Est-ce évitable, ou les hommes sont-ils condamnés à s’entretuer ainsi jusqu’à la fin des temps ? Pour le dire autrement, les guerres sont-elle un effet de la nature humaine ? C’est à cette question que nous allons tenter de répondre, en envisageant dans une première partie le point de vue pessimiste de ceux qui pensent que la guerre est inscrite au plus profond des désirs des hommes. Néanmoins, on pourra montrer ensuite que la chose peut être contestée, notamment en disant que l’homme est naturellement bon. Enfin, dans un troisième mouvement, on verra que la cause des guerres n’est pas à chercher par rapport à la nature des hommes.
Sur cette question, Platon, dans le Phédon, est très pessimiste et répond par l’affirmative. Oui, les hommes sont naturellement portés à s’entredéchirer.
Pourquoi Platon soutient-il cette thèse ? Parce l’homme est par nature un être double. Il dispose certes de la raison, de la conscience, de la pensée, grâce à quoi il peut devenir toujours plus maître de lui-même. Mais l’homme habite aussi un corps, lequel est plein de désirs de toutes sortes. Ces derniers poussent l’homme à vouloir posséder toujours plus, donc à jalouser ses semblables, à convoiter leurs biens, et à la fin, à leur déclarer la guerre. L’homme a naturellement un corps et ce sont les désirs qui naissent en lui qui sont cause de discorde.
Peut-on espérer qu’un jour les hommes parviennent à triompher des désirs violents qui sont liés à leur nature corporelle ? Il faudrait que les hommes perdent leur corps, c’est-à-dire qu’ils meurent. Ou bien encore, il faudrait qu’ils demeurent vivants, mais que leur corps soit l’esclave de leur volonté. De tels hommes existent : ils ont triomphé de leur nature, et par conséquent ne